Clara évoluait dans les rues colorées, si joyeusement bigarrées de la ville. Le soleil tapait fort, mais elle en appréciait la chaleur. Une foule se pressait, toutes nationalités confondues. À croire que l’homogénéité était formellement interdite dans cette ville brésilienne. Clara sourit. Si c’était cet endroit que ses ¨congénères¨ avaient choisi comme repère, elle pourrait rapidement s’en accommoder. Elle avait quitté la France quelques jours plus tôt et avait rejoint le plus grand pays d’Amérique du Sud, le Brésil. Sa famille restée à Montréal n’en savait rien et son compte en banque en pâtissait….Mais peu lui importait. Il était devenu très important pour elle que d'en savoir plus sur Les Guérisseurs. Cette famille à laquelle elle était sensée appartenir. Après les révélations du Cogiste qu’elle avait rencontré concernant les 7 familles, elle avait fait d'intenses recherches sur son clan à elle. Ce n’avait pas été chose facile, mais elle avait fini par cibler Brasilia.
 
La jeune femme prit place sur un banc pour se reposer un peu. En passant une main dans ses cheveux, elle prêta une oreille au papotage des gens alentours. Elle saisissait de plus en plus le portugais. En fait, elle apprenait à une vitesse incroyable. Bien sûr, elle maîtrisait déjà l’espagnol et ces deux langues étaient sœurs ...mais parfois elle s’étonnait elle-même. Ne se souciant plus de ça, elle en revint à son problème principal. Comment se mettre en contact avec un autre Guérisseur? Dans une ville aussi populeuse? Peut-être se mettre dans le pétrin juste pour attirer l’attention? Ses yeux suivirent la course d'un lourd camion passant aux devants d’elle. Elle eut envie de rire. Comme il était étrange et grisant que d’être invincible…
 
Une partie de son esprit tempéra cependant. Elle ne connaissait pas très bien les limites de ses capacités et c’était bien ce pourquoi elle était là… Elle se releva décidée et continua son tour d'horizon. Sans plans et sans but…
Aller à la source lui avait semblé aller de soi pour répondre à ses interrogations. Dans les faits, elle avait agi trop vite et était maintenant en quête de solutions. L'extravagance de la ville était sa consolation. L'optimisme, son moteur. Elle avaient confiance en la vie. Elle trouverait bien.

Une porte, puis une autre et encore une autre... Toutes ses portes qui s'enchaînent sans qu'aucune soit la bonne. J'aimerais tellement rentrer chez moi... Mais où c'est chez moi, hein ? Ai-je vraiment un endroit où aller ? J'ai l'impression que, où que je sois, la vie me rejette.

Et je me sens si faible...

Où suis-je à présent ? J'en sais rien. Cela fait plusieurs jour que je cherche les portes, que je traverse le Monde. Je n'ai pas vraiment tout compris. A part que ce monde dans lequel je vis est dangereux. Dans lequel je vis ? Foutaise ! Le verbe vivre est de trop ! Je devrais le remplacer par survivre. Quoique ce n'est même pas ça, parce que je suis en train de mourir à petit feu, je le sais.

Mais aujourd'hui comme jamais, je n'ai plus peur de la mort.

Ca serait tellement plus facile... Fermer les yeux et se laisser emporter. Arrêtez de marcher comme je le fais sur ces deux minces bâtons que sont devenu mes jambes. Au moins maintenant la faim ne torture plus mes entrailles. Non, j'ai dépassé ce stade là depuis longtemps. Je ne sens même plus la douleur et ça, c'est une raison de plus pour mourir. Ma souffrance était la seule part d'humanité qu'il me restait.

Mais à présent je n'ai plus rien, je ne suis plus rien.

Juste un zombie qui marche dans une ville qu'il ne connaît pas. Il y a tant de gens ici... Il ne me remarque même pas. Ils rient, sourient, parlent fort,... Ils vivent, eux. Contrairement à moi, moi qui suis en train de mourir, qui n'arrive même plus à survivre.

Et soudain, tout s'écroule, comme un mauvais château de cartes...

L'impression qu'un rideau noir est tombé sur ma vision, a étouffé mes sens. Sous mon poids, je sens le sol qui se brise, qui se désintègre. Je chute à en perdre haleine, à en perdre cette vie que je ne mérite pas. Evanouie au milieu de tout ces inconnus, de tous ce monde qui se presse, de toute cette foule qui m'oppresse. Je ne suis plus qu'un corps décharné par la faim, les yeux fermé sur ce monde que je ne veux plus voir.

Je sens que c'est la fin...

[HRP : désolée de répondre si tard, j'avais pas vu que tu avais commencé =S]